La certification, passeport pour exporter sur la grande distribution en Europe

Article
Publication : 05 / 04 / 2007
3505 Consultations
Les marques distributeurs (MDD) des produits alimentaires ont fait, mardi 03 Avril 2007, l'objet d'un séminaire, organisé par le Centre de promotion des exportations (CEPEX) et l'Unité de gestion du programme national de promotion de la qualité.
Le séminaire a été une occasion pour présenter les potentialités qu'offre le secteur de la grande distribution européenne pour les industriels tunisiens afin d'augmenter le volume des exportations tunisiennes.



Les MDD représentent, en effet, une part allant de 15 à 49 % des produits écoulés sur les grandes surfaces européennes. Cette part atteindra 50 % durant les prochaines années.

Les participants ont insisté sur l'importance de la conformité aux standards internationaux en matière de sécurité et d'hygiène alimentaire (HACCP), aux référentiels de certification BRC (British Retail Consortium) établis par les distributeurs anglais et aux normes International food standards (IFS) créées par les distributeurs allemands et français pour assurer la sécurité et la qualité des produits.

Ces certifications concernent les moyens d'analyse et de maîtrise de la sécurité des aliments, la gestion des problématiques émergentes telles que la maîtrise des organismes génétiquement modifiés (OGM), des allergènes et de la traçabilité.

Dans son allocution d'ouverture, Monsieur Abdelaziz Rassaâ, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'industrie, de l'énergie et des PME, chargé de l'énergie renouvelable et de l'agroalimentaire a indiqué que l'engagement de la Tunisie, au plus haut niveau, à faire de l'exportation une priorité nationale est plus que résolu. Il n'est nullement besoin d'énumérer les politiques, programmes, structures, mécanismes et instruments mis en place pour promouvoir les exportations. La création du conseil supérieur des exportations, dont le Chef de l'Etat préside, en personne, les assises, en constitue l'illustration la plus éloquente.

De plus. Son Excellence le Président Ben ALI vient de renouveler le 28 Mars dernier, au cours du Conseil Ministériel tenu à ce sujet, l'intérêt qu'il porte pour la promotion de la qualité en décidant un train de mesures pour inciter davantage les entreprises tunisiennes à installer des systèmes de management de la qualité, ces systèmes étant l'une des composantes déterminantes de la compétitivité de l'entreprise.

En effet, avec l'accentuation de l'ouverture économique, les entreprises tunisiennes sont de plus en plus appelées à adopter des stratégies de croissance adaptées aux exigences de la qualité. Cette exigence prend une importance particulière pour les industries alimentaires dont l'adaptation est requise aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale.

D'abord la qualité, la sécurité du produit et la certification de la conformité sont désormais considérées en comme facteur de réussite sur le marché national et international. Malgré les engagements qu'elles imposent, l'assurance qualité et la certification sont devenues un élément de compétitivité pour les entreprises.

Avec l'évolution des règles du commerce international et les exigences croissantes des consommateurs, la sécurité des aliments devient une préoccupation majeure des acteurs de la filière alimentaire, qui compte pas moins de 5500 entreprises. Cette filière emploie 85 000 personnes, participe à hauteur de 19% de la valeur ajoutée générée par les industries manufacturées et contribue en moyenne à raison de 9% des exportations globales du pays.

Compte tenu des enjeux et paris auxquels le secteur des industries agro-alimentaires aura à faire face, et à la lumière du rôle prépondérant qu'il joue dans le développement de l'agriculture tunisienne et dans la sécurité des aliments du pays, un conseil ministériel, le 20 septembre 2006, a arrêté une stratégie visant à le promouvoir.

Dans ce cadre, le Chef de l'Etat a souligné la nécessité d'optimiser l'exploitation des potentialités offertes aux industries agro-alimentaires, de mettre l'accent sur la qualité et la sécurité des aliments et de diversifier la production, de manière à conforter la compétitivité du secteur aux plans national et international.

Parmi les décisions retenues figurent :
• L'encadrement des unités industrielles dans le but d'instaurer des systèmes d'assurance de la qualité certifiés avant fin 2009, et la création de labels qualité pour certains produits,
• La création de consortiums à l'exportation afin de mieux faire connaître nos produits sur les marchés ciblés.

Depuis plus de 10 ans, la Tunisie s'est résolument orientée vers la mise en œuvre de programmes nationaux ayant pour objet d'instaurer dans les entreprises tunisiennes des démarches qualité visant à améliorer l'organisation et les performances de l'entreprise.

La promotion de la qualité et l'utilisation des normes visent notamment l'introduction, l'adoption et la mise en œuvres de nouveaux référentiels normatifs et leurs corollaires : la certification des systèmes qualité qui permet aux entreprises de garantir la conformité de leurs produits aux besoins implicites et explicites de leurs clients.

Ce programme constitue de ce fait un moyen privilégié pour démontrer la capacité des entreprises à pouvoir répondre, non seulement aux exigences du marché intérieur, mais aussi à conquérir des nouveaux marchés internationaux.

Le Programme de Mise à Niveau a enregistré l'adhésion de 531 entreprises du secteur soit 14% des adhésions totales devant investir de plus de 790 MD, ce qui représente 20% des investissements approuvés du PMN. Ce niveau d'investissements place le secteur des industries agro-alimentaires en première place dans le programme de mise à niveau.

Les investissements immatériels de ce programme dans le secteur des industries agro-alimentaires ont atteint 79 MD soit 11% du total des investissements immatériels PMN.

Grâce à ses investissements, les performances des entreprises concernées se sont nettement améliorées, conséquences surtout d'une modernisation des capacités de transformation, d'une amélioration du taux d'encadrement, de l'adoption d'outils modernes pour la gestion d'entreprise et du renforcement des moyens de l'autocontrôlé.

En outre, le programme national de la qualité lancé en 2005, est venu renforcer les efforts déjà déployés par l'Etat. Je citerai en l'occurrence le programme pilote de la mise en place de la démarche HACCP dans les industries agro-alimentaires, décidé en mai 1999.

Le programme national de la qualité a enregistré à ce jour l'adhésion de 70 entreprises exerçant dans secteur agro-alimentaire (24 % du total des adhésions). Ce programme permet de bénéficier de l'assistance technique en vue de mettre en place des systèmes de Management de la qualité ISO 9001, de la sécurité alimentaire ISO 22000, des bonnes pratiques d'hygiène (BPH) ou d'autres référentiels tels que l'IFS,BRC, BRC-IOP...

Depuis son lancement, 1107 hommes/jour d'expertise internationale et locale ont été déployés au profit des entreprises agro-alimentaires. 22 parmi ces entreprises ont déjà finalisé leurs démarches qualité. Les premières certifications IFS, BRC et ISO 22000 en Tunisie ont été enregistrées.

Ce séminaire est une occasion pour présenter les potentialités qu'offre le marché de la grande distribution européenne pour les industriels tunisiens, afin de développer les exportations tunisiennes dans le cadre de la production des MDD.

Le marché des produits MDD occupe aujourd'hui une part de plus en plus importante dans la grande distribution européenne allant de 15 à 49% selon les pays, avec une moyenne d'environ 33%. Les professionnels prévoient une forte augmentation de cette part durant les prochaines années pouvant atteindre les 50%.

Pour assurer la sécurité et la qualité des produits commercialisés sous leurs marques, les distributeurs ont créé et imposé leurs propres référentiels de certification.

Ainsi, au Royaume Uni, qui a toujours été précurseur dans l'application de la méthode HACCP, a édicté en 1998 un référentiel sur la base duquel il est désormais possible de procéder à une certification englobant l'HACCP.

Ce référentiel a été approuvé par le British Retail Consortium, l'association des principaux distributeurs anglais. Une certification BRC est devenue ainsi une condition pour être référencé auprès des principaux groupes de la grande distribution anglaise pour la fabrication des produits sous marques distributeurs.

Dans le même état d'esprit et pour les mêmes objectifs, les distributeurs allemands (en 2003) puis français (en 2004) ont élaboré une nouvelle norme : IFS** (International Food Standards). Les moyens d'analyse et de maîtrise de la sécurité des aliments sont décrits spécifiquement, à l'instar du BRC, ainsi que des recommandations pour la gestion des problématiques émergentes telles que la maîtrise des OGM, des allergènes, et la traçabilité.

La promotion de ce type de normes privées/professionnelles répond à une logique infaillible : l'accès au marché des MDD est soumis à une certification préalable au regard des référentiels (ou normes) édités et reconnus par les distributeurs concernés. Certes, nous ne sommes plus dans le cadre d'une démarche volontaire de la direction générale (cas de l'ISO 9000) même si ce type de certification demeure stratégique pour les enjeux commerciaux. Néanmoins, force est de constater que des progrès significatifs en matière de sécurité alimentaire dans l'industrie sont chronologiquement concordants avec le développement des MDD.

Les entreprises du secteur agro-alimentaire sont appelées à prendre conscience des opportunités que présente le marché MDD de la grande distribution européenne à connaître et maîtriser les exigences qualité et sécurité de la grande distribution européenne afin de pouvoir se positionner sur le marché MDD en Europe.

Il faut tout de même signaler que d'autres interventions ont été proposées aux invités de ce séminaire à savoir :

- Processus de Référencement des produits Marques propres CARREFOUR (François J. DOMIN)
- Evolution du marché européen des Marques Distributeurs et des Premiers Prix (Henri van Ruymbeke)
- Les éléments de réussite pour la certification IFS/BRC (Henri van Ruymbeke)

Accroître les exportations à un rythme plus rapide

Monsieur Slaheddine Makhlouf, secrétaire d'Etat chargé de l'Artisanat a souligné, à la clôture de ce séminaire, la nécessité d'aboutir, dans le cadre de l'Accord d'association avec l'Union européenne, à la conclusion d'accords de reconnaissance mutuelle dans le domaine de la normalisation, ce qui est de nature à favoriser le développement des échanges entre les deux parties tout en rappelant que La promotion des exportations constitue pour nous une priorité économique. Le Point 4 du Programme Présidentiel de la Tunisie de Demain Rythme plus élevé de création d'entreprises et une nouvelle impulsion des exportations a consolidé cette volonté de croissance des exportations à un rythme plus rapide à travers notamment :
• l'élargissement des interventions des structures d'appui,
• l'Amélioration de taux de couverture (de 92% à 95%),
• la modernisation des mécanismes de financement et de garanties des exportations et l'extension de leur champ d'application,
• l'augmentation de nombre d'exportateurs (6000 exportateurs à l'horizon 2009),
• la possibilité pour l'entreprise de conserver l'intégralité de ses recettes en devises, au titre des exportations contre 70% actuellement en vue de se prémunir contre les risques de change.
• la majoration de l'allocation pour voyages d'affaires afin de soutenir les activités relatives à l'exportation de 15% à 25% des recettes d'exportations.

Le Point 4 prévoit également le développement de la culture de la qualité au sein de l'entreprise et l'amélioration du système national de normalisation et d'homologation pour les mettre en phase avec les mutations mondiales avec l'objectif d'avoir 1300 entreprises ayant obtenu le certificat de conformité aux normes internationales en 2009.

Dans ce cadre, plusieurs actions sont actuellement en cours, telles que :
- la création d'un réseau moderne de laboratoires d'analyse reconnus au niveau international.
- Le renforcement du dispositif de lutte contre la contrefaçon par la révision de la loi en vigueur.
- la mise en place d'un Institut National de la Consommation.
- la création d'une Agence Nationale de Métrologie.
- la promulgation d'une loi sur la sécurité alimentaire.
- La poursuite du soutien aux entreprises qui souhaitent avoir une implantation commerciale à l'étranger.
- L'organisation de road show à travers les principales capitales européennes à la rencontre des grands distributeurs et donneurs d'ordre.

L'Union européenne est notre premier partenaire économique et commercial. Elle accapare près de 80% de nos échanges. Les programmes d'action de coopération dans le cadre de l'Accord d'Association avec l'Union européenne, notamment tels que convenus dans le cadre du plan d'action voisinage en matière de normalisation doivent aboutir à la conclusion d'accords de reconnaissance mutuelle dans le domaine de la normalisation ce qui est de nature à favoriser le développement des échanges entre les deux parties.

Le développement des marques distributeurs dans le cadre de partenariat avec la Grande distribution européenne peut également offrir une opportunité additionnelle pour la promotion des exportations.

Le succès de cette démarche suppose outre la mise en conformité des entreprises de production avec les référentiels internationaux :
- Des rapports équilibrés entre la grande distribution et les entreprises de production et particulièrement les PME.
- La législation tunisienne en matière de la concurrence organise le cadre de ces rapports
- Et la prise en compte des intérêts des consommateurs.