Une cliente choisit des légumes biologiques n'ayant subi aucune transformation transgénique, sur un rayon d'un magasin spécialisé en produits bio.
Une petite visite dans le magasin de produits naturels et de terroir Les 5 Fermes (qui vient de s'agrandir à Chamarande, dans l'Essonne, au sud de Paris) suffit à mesurer la quantité croissante de produits revendiquant une origine biologique. Le sont-ils tous pour autant ? Pas évident. Le Printemps bio, organisé jusqu'au 15 juin, est l'occasion de passer en revue logos et mentions qui fleurissent au nom du respect des saisons et de la protection de la nature.
Au-delà des suspectes cheminées bio ou bougies bio que l'on voit parfois, comment s'y retrouver entre les préparations biologiques du Père Louis, le jambon tranché IGP (Indication géographique protégée) et les cosmétiques naturels qui arborent le label allemand BDIH ?
La vitrine du magasin Les 5 Fermes a beau rappeler, en préambule, qu'en 1984, les cinq plus grandes fermes de l'Essonne ont fondé une coopérative pour vendre leurs produits. (Qu')elles ont créé un label de qualité afin de faire valoir l'excellence de leurs cultures (...) (et qu'elles revendiquent) cette qualité historique mais aussi la dimension diététique de produits biologiques, on peine à connaître la véritable identité de ce que l'on achète quand on se promène dans les rayons.
En France, la très grande majorité des produits alimentaires vendus par les magasins spécialisés La Vie Claire ou Biocoop, par exemple, portent la marque AB (propriété du ministère de l'agriculture depuis 1985). Cet emblème officiel, qui est d'un usage facultatif, certifie que le produit est composé d'au moins 95 % d'ingrédients issus de l'agriculture biologique. Donc aussi que les animaux, selon les normes françaises, ont été nourris avec des aliments bio et soignés selon les contraintes propres au cahier des charges. La marque AB n'est toutefois utilisable que pour les aliments, et doit être associée, sur l'emballage, à la mention contrôlé par....
JONGLER AVEC LES LOGOS
Qu'en est-il des autres produits non estampillés AB ? Les points de vente se multipliant et s'agrandissant - le réseau Biocoop ouvre une nouvelle boutique tous les huit jours depuis début janvier -, ils sont contraints d'élargir leur offre en recourant davantage aux importations. L'idée ? Satisfaire les clients, de plus en plus nombreux, qui s'attendent désormais à trouver n'importe quel produit en version bio.
De plus en plus d'opérateurs mixtes développent des gammes bio, explique Cécile Frissur, déléguée générale du Synabio, qui regroupe les préparateurs et transformateurs du bio. On trouve, notamment, de plus en plus de biscuits et de produits laitiers.
Si la réglementation européenne encadre les mentions biologique, bio et organic, les consommateurs français doivent désormais aussi apprendre à jongler avec les logos étrangers et comprendre ce qu'ils garantissent.
Il y a d'abord les marques officielles (AB en France, Bio Siegel en Allemagne ou Bio Garantie en Belgique, par exemple). Leur cahier des charges, qui peut différer d'un pays à l'autre, est souvent défini, pour chaque produit, par les pouvoirs publics et est contrôlé par des entreprises agréées. Ces marques officielles coexistent avec des marques collectives privées telles que Demeter (Allemagne), Nature & Progrès (France) ou Soil Association (Grande-Bretagne) qui disposent d'une autre définition, plus ou moins contraignante, du bio.
Des entreprises agréées par les autorités sont également censées certifier l'exactitude des informations fournies aux consommateurs. Citons, parmi les sept françaises, Ecocert et Qualité France - les plus connues - mais aussi Skal (Pays-Bas) ou Certysis (Belgique).
SAVOIR-FAIRE TRADITIONNEL
Les mentions produit naturel, produit fermier ou agriculture raisonnée ne sont pas, en revanche, des mentions autorisées en bio. Elles désignent simplement un savoir-faire traditionnel ou une qualité supérieure de matières premières.
Certains produits - comme la version bio de la pâte à tarte Croustipâte - ne sont, pour l'heure, pas habilités à revendiquer en France une appellation AB : les protéines de lait utilisées ne sont pas produites sur notre territoire, contrairement à ce qu'impose le cahier des charges français. Mais dans sept mois, cette contrainte sera levée.
En effet, le 1er janvier 2009 entrera en application la réglementation européenne bio révisée. Celle-ci devrait aider le consommateur à mieux savoir ce qu'il achète puisqu'un nouveau logo communautaire remplacera l'ancien emblème, peu connu et trop semblable à celui de l'Indication géographique protégée (IGP). Fait nouveau : il devra obligatoirement figurer sur tous les aliments bio, produits en France ou non, au côté, le cas échéant, du logo historique de chaque pays.
Florence Amalou