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Les laboratoires d'analyse inquiets pour leur avenir

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Publication : 14 / 03 / 2011
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La mise en œuvre des nouvelles normes est « un prétexte pour obliger aux regroupements », estime le présidentdu Syndicat national des médecins biologistes.
Photo : Reuters



La certification exigée par le gouvernement pourrait entraîner la fermeture de certains d'entre eux.Près de Caen, un laboratoire privé bataille pour éviter d'être racheté.

Le rush des prises de sang à jeun est passé. Seules deux patientes attendent encore dans le hall. « Toute la journée, c'est un va-et-vient continuel », explique une des responsables de cet établissement d'analyses médicales de l'agglomération caennaise. « Chez nous, les patients apprécient de discuter et d'être écoutés, ils viennent chercher leurs résultats le soir. »

Derrière l'accueil, trois petites salles de prélèvement et une grande pièce pour les analyses des examens. Microscopes, réfrigérateurs, centrifugeuse, salle bactériologique... Les échantillons sont scrutés et les machines font leur travail. « Nous sommes bien équipés. »

Coûteuse mise aux normes

Ce laboratoire de proximité, qui veut garder l'anonymat tant le sujet est sensible, doit, comme de nombreux autres, privés et publics, se préparer à la nouvelle certification Iso 15189. Cette norme garantira la qualité et la traçabilité des prélèvements et des résultats d'analyse.

Votée en 2007, elle a été rendue obligatoire par la loi Hôpital, patients santé et territoires. « En 2013, nous devrons démontrer que nous avons entrepris une démarche qualité et, en 2016, nous faire accréditer. »

Mais l'accréditation a un coût. Or, « le chiffre d'affaires des labos diminue : la sécurité sociale restreint, depuis cinq ans, le remboursement de certains actes comme la progestérone, le bilan thyroïdien, la vitamine B12, les triglycérides. »

Tous les laboratoires ne pourront pas suivre. Ils devront fermer ou se regrouper. « Nous avons déjà été contactées par des labos qui proposaient de nous intégrer. » Les Caennais ont décliné, préférant leur indépendance et assurer le maintien de leurs emplois de technicien ou de secrétaire.

« Ce n'est qu'un prétexte pour obliger aux regroupements, estime le président du Syndicat national des médecins biologistes, Claude Cohen. On va vers une biologie industrielle, avec de grands plateaux techniques et des petits labos juste pour les prélèvements qui appartiendront à deux ou trois grands groupes. » En Bretagne, disent les Caennais, vingt-trois se sont déjà regroupés sur un seul site.

Les prélèvements seront acheminés vers les grands pôles techniques, « avec tous les risques que comporte le transport, des délais supplémentaires pour obtenir les résultats et des risques d'erreur multipliés », craignent les Caennais.

Et finis les prélèvements effectués par les infirmières libérales à leur cabinet. « En milieu rural, des patients plus ou moins valides seront obligés de faire 25, 30 km pour aller en ville », déplore leur syndicat national.
Nathalie TRAVADON.



Source ouest-france